ETHEL SEPTEMBRE

Ta chaise à bascule se balance d'elle même à présent,
une belle du sud fantôme en coton floral

le craquement des pois pinçant la pulpe. Dans ta
jeunesse, tournoyant en taffetas et soie, éventail pastel,

courbure de lèvre, tu es une débutante. Pieds sans
tissus, tu cours à travers champs, fourmis aux chevilles -

bidon bougeant au son des ouaouarons. Tenant
ta main et des tiges de coquelicots, ton frère

te mène à un arbre où les pêches volent. Et là
tu t'assois, fourrant des noyaux de cerise dans le creux

de tes joues et ton nez. As-tu vu M. Nat ?
Ils l'ont disposé dans une chaise en rotin, orteils bruns

pointant vers les Carolines. Le cancer vole
rassemblé dans ses poches, la mort a suivi et s'est installée.

Y-est t-il déjà ? Maintenant tu es sous le porche. Cette maison
aux volets blancs et bouteilles de coca au cou allongé.

Mon père est étendu sur tes genoux, tête bercée par les grillons, et
tu commences à chanter, « mon trésor, mon trésor, mon trésor. »